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20 - 30 juin 2019 

Centre des Arts - Ecolint - Genève

COMMISSARIAT : CURATORIAL TEAM 

Virginia Carlier, Samia-Allegra Jonson, Tess Jubin-Bischoff, Mikaël Levy, Samuel Power, Julien Reyl,

Anton Rolland, Laura Safdie, Anna Yakubanets, et Manuel Fadat. 

L'art d'exposer... 

 

Nous sommes vraiment heureux et fiers d'avoir vu cette année encore nos étudiants travailler sur le Curatorial project, ce projet inédit, d'une année, qui sensibilise à la fois aux métiers de la culture et aux réalités de ce monde, à l'histoire de l'art, à la création actuelle, et à l'art de l'exposition, laquelle requiert savoir faire et connaissances, créativité, innovation, engagement, travail collectif, esprit critique, méthodologie. Aller jusqu'au terme d'un projet complexe, acquérir des compétences tout au long de l'aventure : c'est préparation inouïe pour la vie professionnelle et la vie culturelle, les deux étant intrinsèquement liées. 

Nous félicitons les étudiants pour leur investissement, leur prise de responsabilité, leur dynamisme, et d'une certaine façon, leur sagesse... autant d'éléments importants pour le citoyen du XXIe siècle.

Nous sommes donc heureux de vous présenter le web-catalogue de Graphein, en grande partie "conçu" et "réalisé" par nos co-curateurs en herbe, qui  est la trace d'un travail au long court, qui, nous l'imaginons n'a pas uniquement été un long fleuve tranquille, même si nous savons que le désir était à l'oeuvre.

Un grand merci à toutes les équipes et toutes les personnes de l'Ecole Internationale de Genève qui ont contribué de près ou de loin, un grand merci aux artistes, un grand merci à Manuel Fadat pour son investissement continu et la qualité de ses interventions, et encore un grand bravo à nos élèves. 

Dr. Conrad Hughes - Campus & Secondary School Principal – La Grande Boissière

Isabelle Muller – Directrice du Centre des arts – La Grande Boissière

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THINKING AND MAKING AN EXHIBITION : A CURATORIAL PROJECT

Durant toute une année, un groupe d'élèves, accompagné par un curateur indépendant et historien de l'art (Manuel Fadat), découvre le monde de l'exposition, sa complexité, puis conçoit et réalise une exposition de A à Z.

Les élèves apprennent « tout en faisant » (en situation, par le milieu) les subtilités du métier en plusieurs phases : workshops propédeutiques dédiés à la sensibilisation et l'observation ; rencontres avec des professionnels ; réflexions sur les arts, débats ; définition de l'intention curatoriale (thématique), sélection des artistes et des œuvres, scénographie, rédaction, catalogue d'exposition, communication, conférence de presse, vernissage, montage, médiation...

Chaque année, au terme d'un processus théorique et pratique qui implique esprit d'initiative, créativité, travail collectif, engagement, esprit critique, une exposition inédite voit le jour dans l'enceinte du Centre des arts.

Pour sa seconde édition d'Ecoart, la curatorial team a conçu et réalisé l'exposition Graphein. Nous remercions les artistes, le Studio Fatmi, le Studio Kentridge, le Venn Art Projects, la Galerie iDroom, Maria Hugo, Patricia Guisado et Ignacio Cardoso (MEG).

Avec la participation active d'Isabelle Muller, responsable du Centre des arts, de Gilles Grassioulet, pour l'invitation de Dan Perjovschi et pour son soutien artistique et pédagogique, et de Daniel Wack, pour son regard, ses propositions, ses lectures.

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NOS REMERCIEMENTS VONT : 

Aux artistes, au Studio Fatmi, au Studio Kentridge et particulièrement Anne McIlleron, au Venn Art Projects, à la Galerie iDroom et notamment Jérôme Ruffin, puis Maria Hugo, Patricia Guisado, et Ignacio Cardoso (MEG) qui nous ont fait vivre des moments innoubliables.

 

À la Curatorial team, Conrad Hughes, Isabelle Muller, Gilles Grassioulet, Momar Seck, Daniel Wack, Denis Capolino, Patrice Milaire, Francis Poncioni, Tania Gentet-Ganose, Zara Preece, Yvan Cavazzana, Olivier Delaforcade, Jean-Luc Renaud, Carole Giboz, Katrin Oppliger, Marie-France Labelle.

 

Nous remercions également l'ensemble des lieux que nous avons visités et dont les médiations se sont toujours avérées d'une grande qualité, pertinentes en regard des spectateurs singuliers que nous étions. Musée Barbier Mueller, Musée d’Ethnographie de Genève, Galerie Bärtschi, Galerie Xippas, Musée d’Art et d’Histoire de Genève, Musée Rath, MAMCO, Centre d'art contemporain de Genève (Frédéric Stordeur), Usines Kugler, Centre de la photographie de Genève (Joerg Bader), L'espace d'exposition La Ferme Rosset (Troinex), Galerie de la Ferme de la Chapelle, Galerie iDroom.

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INFORMATIONS PRATIQUES

Responsables du projet : Isabelle Muller (responsable du Centre des arts) et Manuel Fadat (curateur indépendant, historien de l'art), avec la participation de Gilles Grassioulet (Enseignant, chef du Département des Arts Visuels – Artiste), pour l'invitation de Dan Perjovschi.

 

Centre des arts, 62, route de Chêne CH-1208 Genève. 

Téléphone au +41 22 787 26 75

I. Muller : isabelle.muller@ecolint.ch

M. Fadat : fadat.manuel@gmail.com

G. Grassioulet : gilles.grassioulet@ecolint.ch

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curatoriale

Graphein : extension du domaine de l'entaille 1.

 

 

 

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art (Robert Filliou).

 

 

Originellement, graphein signifie « faire des entailles ». C'est à la fois le trait du dessin et celui de l'écriture. Il faut donc toujours se souvenir que les deux sont intimement mêlés, qu'ils sont tressés depuis les premiers comportements symboliques, même ceux que l'on ne connaît plus. Nos ancêtres ont laissé leurs traces, ont laissé leurs traits, émouvants, nous racontant leur passage sur la planète avant nous, marquant de leurs empreintes (consciemment et inconsciemment) leur relation avec leurs mondes, à plusieurs degrés de sophistication. Les traits, perpétuant leurs gestes à travers les âges, colportant leurs énergies jusqu'à nous, poétiques ou pragmatiques, que l'on perçoit encore, se croisent, se délient, s'ancrent. Ils nous évoquent des intentions, des attitudes, des pratiques, des contextes, outils, des médiums, des manières de se connecter avec l'environnement (c'est le souvenir d'une opération d'échange), des manières de « faire sortir de soi ». Ils sont autant de symboles, d'expressions, qui nous permettent lorsqu'on les voit de traverser le temps, l'espace, et ils chargent nos mémoires, remplissent nos musées, nos livres, nos œuvres, nos objets, nos intérieurs, nos vies, nos apprentissages. Traits d'un cheval ou d'un chasseur ithyphallique à tête d'oiseau dessinés dans la caverne, traits de la frise du coquillage ou du caillou gravés de frises, traits des pictogrammes ou figures géométriques indéchiffrés de Lascaux, incisions sur os ou bois, traits du scribe, trait du comptable dans l'argile, trait du moine copiant les livres anciens, trait qui fixe l'oralité et qui modifie les rapports de transmission, traits divinatoires du chamane sur le sol, traits du tatoueur et du tatoué, traits des graffitis du soldat grec ou romain laissé sur les monuments étrangers lors de leurs campagnes et de toutes les villes de tous les âges depuis, traits des amoureux sur l'arbre, trait du marin, du prisonnier, le trait de la partition, le trait du cartographe, du calligraphe, du graveur, du typographe, du designer graphique, le trait du peintre, de l'écrivain, du dessinateur, du graffer, de l'astrophysicien, du mathématicien, mais encore les traits aléatoires dans lesquels nous reconnaissons des formes, les paréidolies, ad libitum...

 

Essentiel, ce moyen que nous avons utilisé pour interagir, communier et communiquer, signaler, témoigner, explorer et livrer nos sensibilités, dit et fait notre humanité. Le trait qui compte, qui décore, qui circonscrit, qui produit du sens. Il permet de se rappeler, de transmettre, d'interpréter, de représenter, de fabriquer une idée. Allant plus loin, il cadre ou il ouvre, il autorise ou il interdit, il abîme ou il enjolive, il enferme ou il libère. Il permet aussi de provoquer (pro vocare : « appeler devant, appeler dehors»), de critiquer (interroger, pousser à l'analyse), de faire passer des messages (littéralement, métaphoriquement), d'annoncer et de dénoncer.

 

La préhistoire et l'histoire des arts forment un continuum de liaisons et de dé-liaisons de dessins et d'écrits (ils sont contigus, se superposent, l'un souligne ou surligne l'autre, ils se déploient, s'éloignent, se rejoignent, se produisent, s'engendrent, restent parents). Dessin comme écriture, écriture comme dessin. Très souvent on les trouve s'articulant, se complétant, tant pour les objets cultuels, décoratifs, que pour les chefs d'œuvres de l'art de l'Antiquité, de l'art classique, moderne, contemporain. Des grottes ornées à l'art urbain, des ouvrages enluminés aux romans graphiques, des temples antiques aux monuments religieux de toutes les confessions, des graffitis ancestraux à ceux d'aujourd'hui (ceux photographiés par Brassaï, connus de Picasso), du monde entier, en passant par les dazibao, les tracts et affiches militantes des années soixante (entre autres), les revues artistiques, les fanzines, les tags. Pensons de façon libre aux prédelles des retables, aux phylactères des gravures sur bois, aux inscriptions sur les images du moyen-age ou les vitraux et les peintures religieuses, qui identifient un personnage ou matérialisent une idée (le dialogue de l'archange Gabriel et de Marie dans la superbe Annonciation de Fra Angelico de 1434). Pensons aux insertions textuelles telles que celles, par exemple, des gravures de Grünewald, des tableaux d'Holbein, ou encore à la fameuse vanité « Et in Arcadia ego » de Nicolas Poussin (1638). Pensons naturellement aux gravures « habitées » presque saturées de récits et de pensées de Georges Focus et naturellement au domaine de l'illustration (de Walter Crane, ou Aubrey Beardsley, à Toni Ungerer) et au grand art de la bande dessinée, un des terrains les plus riches en matière de recherches et déclinaisons entre écrits (onomatopées, textes récitatifs des cartouches, paroles, dialogues) et dessins, jusqu'à la symbiose. Töpffer, Winsor McCay, Hergé, Art Spiegelman, Franquin, Hugo Pratt, Jiro Taniguchi, Moëbius, Craig Thomson, Manu Larcenet, Emil Ferris, Frederik Peeters, pour n'en citer que quelques uns.

 

Dessin et écrit font signe ensemble. Ils se renforcent, collaborent, dansent, sous-tendent, sur-déterminent. Ils font tous deux image, langage. Ils « métaphorent ». Ils vont jusqu'à se fondre intensément dans nos imaginaires (voir des images lorsqu'on lit, décrire en mots lorsqu'on contemple une image, les mots qui « imagent » et les images qui parlent, les mots qui deviennent iconographiques). Les mots et les formes (figurées, abstraites), selon diverses conformations se commentent mutuellement, se commettent, encore davantage depuis l'imprimerie et la diffusion de l'écrit, encore davantage depuis la remise en question des hiérarchies entre arts majeurs et arts mineurs, encore d'avantage peut être depuis qu'ils se dématérialisent. Et toujours, dessin et écrit (et leurs supports, comme leurs conditions d'apparition) peuvent être l'instrument d'un pouvoir, mais également devenir l'arme de ceux qui sont sans voix.

 

Les artistes modernes et contemporains, tous domaines et pratiques confondus, ont largement combiné l'écrit et le dessin, les textes et les images2 pour augmenter, appuyer, renforcer, multiplier, dire mieux, dire plus, dire autrement, dévoiler, pour dire l'entremêlement de l'art et du monde, de l'art et de la vie, dans des œuvres comportant souvent une dimension critique, sociale, politique : des œuvres réflexives. C'est cette idée qui sous-tend l'exposition éponyme.

 

Cette intention curatoriale n'a pas jailli ex-nihilo. L'idée de l'exposition nous est en effet venue en observant le travail de Dan Perjovschi – invité à l'Ecolint pour un workshop – et dont la démarche, sans vouloir la réduire, revient à « cristalliser » l'actualité culturelle, sociale, politique, sous forme de graffitis, d'écrits, de dessins, de caricatures, se déployant sur les murs des lieux qui l'accueillent. Le résultat, souvent monumental, représentant un positionnement singulier dans le monde de l'art contemporain puisqu'il trouble les limites de l'exposition traditionnelle en permutant/performant l'espace du dedans et l'espace du dehors.

 

C'est alors, qu'armés de nos réflexions, hypothèses, sensibilités, nous avons effectué une petite plongée dans le monde des arts, visitant, étudiant, partant en recherche dans la forêt de la création, imaginant les fils que nous pouvions tisser, puis composant avec les possibles et les impossibles, les moyens, les lieux, effectuant des choix collectifs, prenant des décisions, parfois difficiles, assumant des positions : celles de curateurs défendant une intention. Jusqu'à ce que s'imposent des œuvres, des démarches, des artistes, jusqu'à trouver un accord, des équilibres, une harmonie. Jusqu'à pouvoir offrir une vision plurielle, suffisamment multidimensionnelle à notre sens : une extension du domaine de l'entaille...

 

 

La curatorial team.

1 Ce texte a été « fabriqué » grâce aux prises de notes collectées lors des discussions avec les étudiants, des interventions, des visites, durant tout le programme pédagogique. Elles traduisent notre état d'esprit.

2 Quelques exemples : symbolistes, dadaïstes, cubistes, constructivistes, surréalistes, calligrammes d'Apollinaire, Kurt Schwitters, cut up, métagraphies de l'internationale situationniste, muralistes mexicains, Pop art, Rauschenberg, Basquiat, Jacques Villeglé, Raymond Hains, Art and Langage, figuration libre, figuration narrative, Joseph Beuys, Gerz, Barbara Kruger, Hans Haacke, Claude Lévêque, Chris Marker, Jean-Luc Godard, Alexander Kluge, JonOne, Miss.Tic, Basco Vazko, Shepard Fairey, Bansky, Rêve Générale, Guérilla Girls, Resistencia Visual, Robert Montgomery, mounir fatmi, William Kentridge, Dan Perjovschi...

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